Proformica depilis ressuscitée

Section didactique pour parler de l'identification des différentes espèces, de l'établissement ou de la critique de clés existantes, des articles et informations diverses concernant la détermination, la classification et la répartition des espèces.

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Christophe Galkowski
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Proformica depilis ressuscitée

Message par Christophe Galkowski »

1 / Proformica nasuta var depilis est décrite en 1925 par Santschi à partir d’ouvrières collectées par Alfred Chobaut sur le site « carrière des Anglais » situé avec doute dans le département du Vaucluse (Chobaut habitait à Avignon).
La description est assez succinte : « Diffère du type par l’absence de poils dressés sur le thorax et l’écaille. Ceux-ci ne se voient que vers la bouche et sont clairsemés sur le gastre. Le devant de la tête est striolée, du reste comme nasuta. ».
2 / Santschi (1932) identifie à nouveau cette variété en Espagne, à Zamora et à la Sierra de Guadarrama.
3 / Collingwood et Yarrow (1969) élèvent le taxon au rang d’espèce et signalent Proformica depilis de Murcia. Dans la clé de 1976, Collingwood distingue depilis des autres Proformica ibériques par « whole body polished with no erect hairs on alitrunk ». Dans sa liste, il signale 4 espèces de Proformica en Espagne.
4 / Cagniant et Espadaler (1987) examinent les spécimens de collection Santschi : ils observent la pilosité du pronotum :
Deux ouvrières de la « Carrière des Anglais », types de depilis : 0 et 1 poils.
L’ouvrière de Zamora : 2 poils
L’ouvrière de la Sierra de Guadarrama : 6 poils.
Ils concluent : « Nous venons de voir que les types et autres exemplaires de depilis de la collection Santschi portaient des poils, comme nasuta. Nous proposons donc la suppression de la validité de la var. depilis santschi ».
5 / Espadaler (1997) écrit : « La situació dins el gènere Proformica és més complexa. Al material que tenim de la península Ibèrica hi podem diferenciar fins a sis entitats morfològiques diferents ; cap d’elles correspon al material topotípic de P. nasuta que hem pogur estudiar de Beaucaire, a prop del Roïna (França). El problema de l’identificació vé dificultat pel fet que les reines són àpteres i cada població és, en certa manera, isolada d’altres. Això genera diferències en la pilositat, pubescència i escultura cefàlica, tant en les obreres com en reines i mascles ».
6 / Rumsaïs Blatrix me fait parvenir dans la cadre d’Antarea des spécimens de Proformica récoltés à Pompignan, dans la Gard. Les ouvrières (major et minor, de plusieurs nids) sont dépourvues de poils sur le pronotum (1 poil chez quelques individus). Je possède plusieurs séries de Proformica nasuta des environs de Beaucaire + autres sites en Haute Provence, chez tous les individus, la pilosité est développée.

Ma conclusion est la suivante :
D’après 5 / , la taxonomie dans le genre Proformica est difficile. Il y a en Espagne au moins 6 espèces morphologiques différentes là où de manière classique on en dénombre que 4. L’habitat de ces fourmis est assez morcelé et l’existence de reines aptères est un facteur favorisant l’isolement géographique des souches. La pilosité et la sculpture du tégument sont des caractères taxonomiques utilisables.
Donc peut être que Santschi (1932) a commis une erreur en rapprochant les spécimens récoltés en Espagne de son depilis décrit du sud de la France. Peut être que Cagniant et Espadaler (1987) ont commis une erreur en suivant Santschi et Collingwood en considérant que les spécimens d’Espagne sont des vrais depilis.
En 2010, 85 ans après Santschi, il existe toujours dans le sud de la France une population à pilosité développée (nasuta en Haute Provence) et une population à pilosité absente (Gard). Le taxon depilis est donc tout à fait acceptable et pourrait même correspondre à une espèce à part entière.
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