Solenopsis gallica: découverte du mâle???

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Henri Cagniant
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Solenopsis gallica: découverte du mâle???

Message par Henri Cagniant »

Solenopsis gallica, décrit par Santschi (1934) des Alpes maritimes près de Grasse sur une reine; n'avait plus été signalé depuis.
Je l'ai retrouvé (juin 1969) à la montagne de La Clappe (Pyrénées Orientales): reine et ouvrières, sous une pierre très enfoncée; Hugo Darras vient de m'envoyer un mâle isolé (Fontvieille, Bouches du Rhône, le 10/09/08) qui pourrait bien être celui de cette espèce.
Redescription de la reine:
Longueur du corps: 4,5 mm (Santschi dit 5mm); tête et alitronc brun chocolat, gastre plus jaunâtre, pattes et antennes roussâtres. Tête globuleuse et presque carrée (Long/larg= 1,06), lisse, avec une ponctuation (aréoles des soies) assez nette; deux petites dents triangulaires au clypeus. Alitronc étroit (largeur au scutum=0,73 mm) et allongé, luisant, faiblement ponctué.
Se différencie des autres formes communes de Solenopsis par sa petite taille et son thorax étroit; les autres formes mesurent 5 à 6 mm de long avec un scutum large de 0,90 à 1,05 mm.
Description de l'ouvrière (inédite):
Long. corps: 1,56-2,00 mm. jaune brunâtre, des soies espacées mais relativement assez longues (0,0069 mm au max.). Sillon propodéal enfoncé mais pas rebordé comme chez S. fugax. Dents clypéales centrales fines et pointues, aussi longues que la moitié de leur intervalle, les latérales à peine indiquées. Comme toujours dans le genre Solenopsis de la faune française, il est pratiquement impossible de différencier l'espèce sur les ouvrières car les autres formes possèdent en moyenne des ouvrières plus grandes mais aussi des "minor" aussi petites (chez S. fugax, la longueur corporelle des ouvrières varie de 3,28 à 1,92 mm).
Description du mâle supposé:
Long. corps: 3,5 mm. Brun-noir en entier, les appendices s'éclaircissant vers leurs extrêmités. Lisse, luisant, faiblement alutacé sur les côtés de la tête en arrière des yeux et sur le front au niveau des ocelles ainsi que sur les côtés du pétiole. Le mesonotum est lisse avec seulement deux bandelettes antérieures finement striolées. Ocelles moyens (diamètre de l'ocelle antérieur/distance entre les deux ocelles postérieurs= 0,47). Largeur du scutum = 0,69 mm.
Se distingue par sa petite taille; chez les autres formes de Solenopsis françaises le longueur du corps va de 4,5 à 6 mm et la largeur du scutum de 0,83 à 1,05 mm; en outre, le scutum est partiellement strié en long.
Cependant, il reste à retrouver ce mâle en compagnie des reines de S. gallica pour être certain de son appartenance (il pourrait s'agir d'un "nain" d'une espèce commune); d'autres échantillons permettrait aussi de tenter d'étudier les genitalia, ce que je n'ose entreprendre sur un exemplaire unique aussi petit.
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Jean-Luc Marrou
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Re: Solenopsis gallica: découverte du mâle???

Message par Jean-Luc Marrou »

Encore une découverte intéressante dans le cadre d'AntArea.
Tout ceci est vraiment encourageant.
Henri, j'ai cependant une petite question.
Un seul exemplaire est-il suffisant pour valider une découverte ? Voilà, la question un peu naïve que je me pose.
Christophe Galkowski
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Re: Solenopsis gallica: découverte du mâle???

Message par Christophe Galkowski »

avec un exemplaire, on peut même créer une nouvelle espèce, un nouveau genre et une nouvelle sous famille.....

"Une étrange fourmi découverte en forêt amazonienne
Par Jean Etienne, Futura-Sciences

Un groupe de chercheurs conduits par le biologiste Christian Rabeling, de l’Université du Texas à Austin, a par hasard déniché une discrète fourmi souterraine qui pourrait être un des ancêtres de toutes les variétés contemporaines.

Cette fourmi a semblé si curieuse à ses découvreurs qu'ils l'ont baptisée Martialis, c'est-à-dire de Mars, créant ainsi au passage un genre nouveau. Martialis heureka, de son nom complet, ne mesure que 2 à 3 millimètres et vit dans, ou plutôt sous, la forêt amazonienne. Cet insecte est complètement aveugle, sans pigment, et sa tête est prolongée d’une mandibule démesurément longue. Ainsi accoutrée, elle est parfaitement adaptée à une vie entièrement souterraine, un des motifs de son incognito… jusqu’à aujourd’hui.

Un seul exemplaire de cet insecte a été découvert en 2003, que Christian Rabeling et ses collègues ont aussitôt classé, non seulement dans un nouveau genre mais aussi dans une nouvelle sous-famille dont elle est la seule représentante, la 21e. Il s’agit d’ailleurs de la première sous-famille comportant des spécimens vivants découverte depuis 1921 (d’autres ont depuis été créées pour des fossiles).

« Considérant sa position phylogénétique probable à la base de l’arbre évolutif des fourmis, Martialis heureka pourrait avoir conservé certains vestiges morphologiques ancestraux. Cette découverte suggère qu’il existe encore de nombreuses espèces, d’un grand intérêt évolutif, qui sont encore cachées dans le sol des forêts tropicales », s'enthousiasme le biologiste.
Les fourmis sont le fruit de l’évolution, voici 120 millions d’années, d’insectes apparentés aux guêpes qui se sont ensuite transformés en de nombreuses lignées spécialisées à la vie souterraine, arboricole ou mixte, entre autres. L’analyse de l’ADN de Martialis heureka a confirmé sa position phylogénétique à la base de l’arbre des fourmis.
« En nous basant sur les données que nous possédons et sur les fossiles, nous pouvons déduire que l’ancêtre de Martialis heureka était apparenté à l’espèce Sphecomyrma que l’on découvre sous forme d’inclusions dans des blocs d’ambre fossile du Crétacé, connue pour être le chaînon intermédiaire entre les guêpes et les fourmis », poursuit le chercheur.
Cette nouvelle pièce du puzzle a probablement été conservée quasiment intacte grâce à sa présence dans les sols tropicaux formant un microclimat relativement stable et la maintenant à l’abri d’espèces concurrentes. Martialis heureka devrait permettre de mieux cerner et comprendre le processus évolutif de la famille des Formicidés, qui tiennent un rôle écologique primordial sur cette planète."
Philippe Wegnez
Messages : 45
Enregistré le : jeu. 15 mai 2008 21:12

Re: Solenopsis gallica: découverte du mâle???

Message par Philippe Wegnez »

Salut,

Un petit lien juste pour voir la "bête".
http://www.lesoir.be/actualite/sciences ... 9009.shtml
A+
Phil
Rumsaïs Blatrix
Messages : 183
Enregistré le : ven. 30 mai 2008 06:53

Re: Solenopsis gallica: découverte du mâle???

Message par Rumsaïs Blatrix »

En fait, 3 exemplaires ont été récoltés au total, mais il n'en reste plus qu'un... Les mêmes auteurs avaient déjà récolté 2 exemplaires au même endroit quelques années auparavant, mais ils les ont perdu avant de pouvoir faire les observations et analyses nécessaires. C'est pour ça qu'ils ont du attendre d'en trouver un nouveau pour publier la découverte. D'où le nom d'espèce "heureka"... (le pire c'est que c'est vrai!).
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