2A Piana

Section de discussion et d'évocation des reportages photos concernant les différentes espèces dans leur milieu naturel.
Répondre
Christophe Galkowski
Messages : 700
Enregistré le : mar. 13 mai 2008 10:46

2A Piana

Message par Christophe Galkowski »

Piana est situé à 10 km au sud de Porto et à 70 km au nord d’Ajaccio. La commune de Piana occupe la partie sud du golfe de Porto, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
La commune, très vaste, offre une grande diversité de paysages, sillonnés par de nombreux sentiers de randonnées. On trouve des environnements côtiers (plage d’Arone, maquis bas du Capo Rosso), les célèbres calanche, massifs de porphyre sculptés par l’érosion. La forêt de Piana s’élève plus à l’intérieur des terres, entre 500 et 800 m d’altitude. La pinède sèche domine, mais il existe aussi des zones plus fraîches avec par exemple la châtaigneraie de Palani. On peut également remonté de ruisseau de Piazza Monica vers des zones plus élevées, formant un plateau à 1100 m d’altitude et poursuivre vers le Capu d’Ortu (1294 m) et le Capu di u Vitullu (1331 m), point culminant de la commune.
Une semaine de balade m’a permis de croiser quelques fourmis, dont je donne la liste ci-dessous.

1 / Ponera testacea : quelques ouvrières sous les pierres dans la châtaigneraie.
2 / Tapinoma nigerrimum : absolument dominante dans les endroits sablonneux côtiers et dans les jardins en ville. Devient rare à l’intérieur des terres.
3 / Tapinoma sp : en altitude, des petites colonies sous les pierres. Le clypeus est assez bien échancré, les reines plus petites que celles de nigerrimum.
4 / Camponotus aethiops : dans le maquis, assez fréquent.
5 / Camponotus lateralis : assez fréquent lui aussi, sur les arbres, les rochers.
6 / Camponotus piceus : dans le maquis, comme aethiops.
7 / Camponotus vagus : dans les troncs des conifères morts.
8 / Formica cunicularia : en ville, dans la pinède sèche, les ouvrières très actives se remarquent bien. Sur le plateau boisé, en altitude, des petites colonies sous les pierres, avec des ouvrières très craintives, un peu comme des fusca. Une reine collectée a une taille plus réduite par rapport aux reines des cunicularia typiques.
9 / Lasius myops : sous les pierres, en altitude dans la forêt.
10 / Lasius paralienus : dominante dans les clairières de la châtaigneraie.
11 / Lasius sp : la différence est trop criante sur la population de cette partie de la Corse pour la passer sous silence. L’espèce est apparentée à emarginatus. Casevitz-Weulersse (1990) suspectait déjà quelque chose. Population du maquis bas au niveau d’Arone avec des ouvrières dont l’avant corps est totalement rouge : tête, thorax et parfois premier segment du gastre. En altitude, la tête s’assombrit. Cette nouvelle espèce est en cours de description.
12 / Plagiolepis pygmaea : assez commune, un petit peu partout, sauf dans les endroits très secs.
13 / Aphaenogaster corsica : dominante partout, de la côte, aux sommets. Tous les prélèvements correspondent à cette forme. Il y a deux ans, à Olmetto, dans le golfe de Propriano, c’était A. spinosa qui dominait dans la zone côtière, qui était moins sèche il faut dire.
14 / Aphaenogaster subterranea : en forêt sous les pierres.
15 / Crematogaster scutellaris : banal.
16 / Messor capitatus : deux nids simplement observés, dans les Calanche.
17 / Messor minor : arrière plage et arènes sableuses dans les Calanche.
18 / Messor wasmanni : de très loin, la forme la plus fréquente, surtout dans le maquis bas côtier.
19 / Myrmica spinosior : peu fréquente, en forêt, dans les zones moins sèches.
20 / Pheidole pallidula : observé une seule fois, dans le camping d’Arone. Peut être introduit.
21 / Solenopsis fugax : assez rare, en forêt. Dans un nid, les ailés déjà en place.
22 / Solenopsis orbula : essaimage dans le maquis bas, en fin d’après midi.
23 / Temnothorax angustulus : quelques ouvrières par battage.
24 / Temnothorax exilis (forme de Corse) : présent partout, dans les rochers.
25 / Temnothorax lichtensteini : quelques colonies, sous la mousse, en forêt.
26 / Temnothorax melas : surprise ! 2 ouvrières sur un rocher en altitude.
27 / Temnothorax tuberum melanocephalum : surprise aussi ! En altitude sous les pierres.
28 / Temnothorax unifasciatus cordieri : très régulier en forêt. La sculpture est variable chez les ouvrières, parfois tête presque lisse, à la racovitzai, plus sculptée en altitude. Dans certains nids, la massue, le tiers antérieur de la tête et le vertex très assombris. Les épines toujours très fortes. La différence avec unifasciatus typique est encore plus marquée chez les mâles et les reines. Dans tous les nids, les ailés étaient encore en place la troisième semaine de juillet. Autre différence de nature écologique, les nids sont sous la mousse, ou sous les pierres dans le sol, jamais vu dans les fentes des pierres ou entre deux pierres comme le fait plus volontiers unifasciatus.
29 / Tetramorium cf alpestre : 2 nids avec ailés vers le Capu di u Vitullu
30 / Tetramorium brevicorne : pas rare, maquis bas et plus en altitude.
31 / Tetramorium semilaeve : très fréquente dans les zones basses et sèches (était assez rare à Olmetto).
Je profite de l’occasion pour faire une petite mise au point sur les Tetramorium de Corse. D’après mes collectes et les spécimens récoltés par JCW au MNHN, je reconnais 5 espèces ou ensemble d’espèces peuplant l’île :
Dans le groupe caespitum-impurum, deux formes distinctes. Les spécimens ont été envoyés aux Steiner et j’ai eu une réponse partielle ce printemps (work in progress qu’y disent).
1 – une forme de grande taille, apparentée au Tetramorium sp E. Récoltée dans quelques villes sur la côte sud (introduite ?)
2 – une forme de plus petite taille, en altitude (> 1000 m), apparentée au T. alpestre.
Donc, pas de T. caespitum ni T. impurum en Corse pour l’instant.
3 – Tetramorium meridionale, décrite de Corse. Recherche l’humidité, en plaine.
4 – Tetramorium semilaeve au sens large. J’ai pu voir cette année une grande variabilité de sculpture (tête lisse ou finement ridée), et de coloration (entièrement jaune ou très brune), parfois sur une même station. Les différences sont bien moindres chez les reines. Il faudrait redéfinir le taxon semilaeve pour connaître l’étendue de la variabilité intra spécifique. Déjà, sur Banyuls, j’ai pu noter des variations semblables de couleur et de sculpture. La citation de punicum sur l’île est douteuse à mon sens et doit correspondre à un de ces variants. T. punicum est une forme du bassin méditerranéen oriental. J’ai retrouvé en outre dans les collections du MNHN des ouvrières étiquetées « Tetramorium caespitum var semilaeve » issues de la collection André, et qui donc pourraient bien être les types qu’on croyait perdus de cette espèce.
5 – Tetramorium brevicorne. C’est un endémique Corso-Sarde, qui peuple plutôt l’intérieur des terres, en moyenne altitude, mais je l’ai pris cette année en arrière plage à Arone. Là aussi, il y eu des confusions dans le passé. Je mets en synonymie le Tetramorium sp de JCW (1990) avec Tetramorium brevicorne. Les ouvrières sont robustes, avec les épines bien développées. Les nœuds sont partiellement ou entièrement sculptés (cas le plus fréquent). Le caractère scape court est peu marqué et ne doit pas être utilisé pour une détermination. Les reines et les mâles sont de petite taille par rapport à ceux du groupe caespitum-impurum. Dans le nid fouillé sur la plage d’Arone, j’ai découvert plusieurs greniers remplis de graines, un peu comme chez les Messor.
Le Tetramorium forte (cité par JCW) est absent de Corse.
Répondre

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 41 invités