Temnothorax luteus et racovitzai
Posté : jeu. 28 août 2014 11:23
Se basant sur la méthode des clustering, B. Seifert et al. avancent que T.racovitzai = T. massiliensis et que T. luteus = T. tristis. (Pour notre part Plateaux et Cagniant 2012, nous considérions racovitzai comme la ssp. occidentale méridionale de luteus).
Il faudrait donc modifier toutes les déterminations en ce sens.
A la lecture attentive de cet article, j'avoue ne pas être entièrement convaincu.
Je trouve que les auteurs se montrent trop dogmatiques et enfermés dans leur système entièrement basé sur la biométrie des seules ouvrières. Ils écartent sans s'y attarder un instant les caractères classiques de morphologie du pétiole, sculpture, coloration pour ne conserver que les paramètres qui vont dans le sens de leur démonstration. Un rôle déterminant est donné au paramètre "EYE" (longueur+largeur de l'œil/Long+larg tête); or j'ai pu maintes fois constater que la dimension de l'œil varie assez notablement d'un individus à l'autre dans un même échantillon; le grand diamètre oculaire est même un des paramètres le moins corrélé aux autres (voir le travail sur exilis). Les 2 autres paramètres sont assez difficiles à mesurer et peuvent être source d'erreurs.
Bizarre aussi de trouver luteus (sous la forme tristis) et racovitzai dans la même localité alors que les auteurs se basent sur les préférences écologiques pour appuyer leur démonstration; puis par un raisonnement circulaire avancent que cette coexistence est la preuve que ce sont 2 espèces différentes!
J'ai revu mes échantillons et je trouve difficile d'admettre luteus = tristis. C'était aussi l'avis de Seifert il y a quelques temps (il n'avait envoyé le résultat d'une analyse qui séparait luteus du Tessin de tristis). Par contre, je conçois que racovitzai puisse être considéré comme une bonne espèce si on refuse le concept de sous-espèce.
Autre remarque montrant qu'ils ont mal lu notre article (Plateaux-Cagniant, 2012) à propos de la forme subcingulata : il est vrai que nous n'avons pas retrouvé les types d'Emery mais j'ai eu entre les mains des échantillons "topotypes" d'Algeciras d'où la forme est décrite (in coll W. Markl). Entre nous, je pense que T. luteus subcingulatus (= T. pardoi) mais je dispose de trop peu d'échantillons pour m'avancer davantage.
En définitive, je pense qu'il faudrait revoir les choses avec par ex. l'aide de l'ami Lenoir en confrontant des exemplaires de Rochepaule, de Suisse (pour avoir un luteus "irréprochable"), et de Banyuls. Pour ma part je conserve les 3 entités: tristis (grand, plus sombre, tête entièrement réticulée-ridée, pétiole plus massif; les mâles sont assez grands, bien noirs et très réticulés), luteus (plus petit, jaune-fauve, tête lisse vers l'occiput, pétiole plus haut; mâles un peu plus petits, lisses aux épaules), et racovitzai (petit et jaune aussi, tête encore plus lisse en arrière, pétiole idem; mâles brun jaune, mesonotum presque tout lisse); subcingulatus est entre les 2 derniers, avec quelques rides un peu plus nettes (comme pardoi dont les mâles sont similaires à ceux de luteus). Mais je me réserve sur leur statut taxonomique (espèce, sous-espèce).
Suite:
J'ai testé la fonction discriminante (p. 52 de l'opus en question) avec des Temnothorax de diverses provenances; en simplifiant, on doit avoir un résultat D <0 pour racovitzai et D>0 pour luteus; voici les résultats:
2 racovitzai de Banyuls, indiscutables; j'obtient D=0,9541 et 1,0023; ça ne marche pas.
1 tristis de Rochepaul; D= -1,4903; c'est faux
3 racovitzai du Ventoux (pris à basse altitude, tête lisse à l'occiput); D= -1,2903, -3,2521; donc racovitzai selon l'équation.
3 tristis du Ventoux (à 1200 m, tête bien striée réticulée sans plage lisse); D= +0,9284, +2,7273; donc luteus selon l'équation.
J'ai fait part à Bernhard de mes réserves quant à ses conclusions et lui ai proposé de voir l'abondant matériel du Ventoux collecté par Du Merle que possède L. Plateaux (Seifert n'a que 2 échantillons de cette montagne). Luc P. me rappelle en outre qu'au Ventoux, racovitzai et tristis ont des horaires d'essaimage communs au moins en partie, au lever du jour; il pense qu'il existe une zone d'hybridation entre les 2 entre 600-1000 m (présence de formes "intermédiaires").
Tout ceci me conforte dans l'idée qu'il n'y a qu'une seule grande espèce, de l'Italie à l'Espagne, T. luteus (comme existe les grandes espèces T. nylanderi, T. unifasciatus ...), avec des populations de basse altitude et méditerranéennes (racovitzai, massiliensis, subsingulatus), de haute altitude (tristis, pardoi), autour d'un type moyen (luteus s.s.).
Je présume une faute de frappe dans le Tab.1 p. 54: les chiffres correspondent à EL/CS et pas à EYE/CS comme c'est marqué.
Affaire à suivre.
Note de l'auteur: A l'époque je calculais avec le paramètre EYE comme indiqué p.50 par les auteurs (EYE=(EL+EW)/CL+CW)); or ce n'est pas cette formule qu'il faut utiliser (et cela n'est indiqué nulle part dans le texte!).
Il faudrait donc modifier toutes les déterminations en ce sens.
A la lecture attentive de cet article, j'avoue ne pas être entièrement convaincu.
Je trouve que les auteurs se montrent trop dogmatiques et enfermés dans leur système entièrement basé sur la biométrie des seules ouvrières. Ils écartent sans s'y attarder un instant les caractères classiques de morphologie du pétiole, sculpture, coloration pour ne conserver que les paramètres qui vont dans le sens de leur démonstration. Un rôle déterminant est donné au paramètre "EYE" (longueur+largeur de l'œil/Long+larg tête); or j'ai pu maintes fois constater que la dimension de l'œil varie assez notablement d'un individus à l'autre dans un même échantillon; le grand diamètre oculaire est même un des paramètres le moins corrélé aux autres (voir le travail sur exilis). Les 2 autres paramètres sont assez difficiles à mesurer et peuvent être source d'erreurs.
Bizarre aussi de trouver luteus (sous la forme tristis) et racovitzai dans la même localité alors que les auteurs se basent sur les préférences écologiques pour appuyer leur démonstration; puis par un raisonnement circulaire avancent que cette coexistence est la preuve que ce sont 2 espèces différentes!
J'ai revu mes échantillons et je trouve difficile d'admettre luteus = tristis. C'était aussi l'avis de Seifert il y a quelques temps (il n'avait envoyé le résultat d'une analyse qui séparait luteus du Tessin de tristis). Par contre, je conçois que racovitzai puisse être considéré comme une bonne espèce si on refuse le concept de sous-espèce.
Autre remarque montrant qu'ils ont mal lu notre article (Plateaux-Cagniant, 2012) à propos de la forme subcingulata : il est vrai que nous n'avons pas retrouvé les types d'Emery mais j'ai eu entre les mains des échantillons "topotypes" d'Algeciras d'où la forme est décrite (in coll W. Markl). Entre nous, je pense que T. luteus subcingulatus (= T. pardoi) mais je dispose de trop peu d'échantillons pour m'avancer davantage.
En définitive, je pense qu'il faudrait revoir les choses avec par ex. l'aide de l'ami Lenoir en confrontant des exemplaires de Rochepaule, de Suisse (pour avoir un luteus "irréprochable"), et de Banyuls. Pour ma part je conserve les 3 entités: tristis (grand, plus sombre, tête entièrement réticulée-ridée, pétiole plus massif; les mâles sont assez grands, bien noirs et très réticulés), luteus (plus petit, jaune-fauve, tête lisse vers l'occiput, pétiole plus haut; mâles un peu plus petits, lisses aux épaules), et racovitzai (petit et jaune aussi, tête encore plus lisse en arrière, pétiole idem; mâles brun jaune, mesonotum presque tout lisse); subcingulatus est entre les 2 derniers, avec quelques rides un peu plus nettes (comme pardoi dont les mâles sont similaires à ceux de luteus). Mais je me réserve sur leur statut taxonomique (espèce, sous-espèce).
Suite:
J'ai testé la fonction discriminante (p. 52 de l'opus en question) avec des Temnothorax de diverses provenances; en simplifiant, on doit avoir un résultat D <0 pour racovitzai et D>0 pour luteus; voici les résultats:
2 racovitzai de Banyuls, indiscutables; j'obtient D=0,9541 et 1,0023; ça ne marche pas.
1 tristis de Rochepaul; D= -1,4903; c'est faux
3 racovitzai du Ventoux (pris à basse altitude, tête lisse à l'occiput); D= -1,2903, -3,2521; donc racovitzai selon l'équation.
3 tristis du Ventoux (à 1200 m, tête bien striée réticulée sans plage lisse); D= +0,9284, +2,7273; donc luteus selon l'équation.
J'ai fait part à Bernhard de mes réserves quant à ses conclusions et lui ai proposé de voir l'abondant matériel du Ventoux collecté par Du Merle que possède L. Plateaux (Seifert n'a que 2 échantillons de cette montagne). Luc P. me rappelle en outre qu'au Ventoux, racovitzai et tristis ont des horaires d'essaimage communs au moins en partie, au lever du jour; il pense qu'il existe une zone d'hybridation entre les 2 entre 600-1000 m (présence de formes "intermédiaires").
Tout ceci me conforte dans l'idée qu'il n'y a qu'une seule grande espèce, de l'Italie à l'Espagne, T. luteus (comme existe les grandes espèces T. nylanderi, T. unifasciatus ...), avec des populations de basse altitude et méditerranéennes (racovitzai, massiliensis, subsingulatus), de haute altitude (tristis, pardoi), autour d'un type moyen (luteus s.s.).
Je présume une faute de frappe dans le Tab.1 p. 54: les chiffres correspondent à EL/CS et pas à EYE/CS comme c'est marqué.
Affaire à suivre.
Note de l'auteur: A l'époque je calculais avec le paramètre EYE comme indiqué p.50 par les auteurs (EYE=(EL+EW)/CL+CW)); or ce n'est pas cette formule qu'il faut utiliser (et cela n'est indiqué nulle part dans le texte!).