Temnothorax pardoi

By in identifications on 13 septembre 2015

Communication d’Henri Cagniant
Je viens de recevoir un échantillon conséquent de T. pardoi (Tinaut, 1987) envoyé par C. Lebas; origine: Réserve du Pinail, commune de Vouneuil-sur-Vienne (86); capture le 29/VIII/2015. Cette réserve nationale est à l’origine une lande qui s’est trouvée constellée de 3000 mares, anciennes fosses d’extraction de la pierre meulière; elle présente une biodiversité floristique et faunistique remarquable.

Les ouvrières de cet échantillon sont tout à fait similaires aux T. pardoi déjà reçu d’Espagne, dont des « cotypes » envoyés par l’auteur et les exemplaires de la Sierra Morena Reyes leg, 2011. Comme déjà fait dans un précédent article (racovitzai/luteus, un tableau; Antarea le 8/XII/2014) j’ai soumis 30 ouvrières de cet échantillon au test D de Seifert « pour voir ce que cela donnait ».

C= 1,201 ± 0,020 [1,116, 1,323]
D= 3,214 ± 0,472 [1,046, 6,190]
Corrélation C/D non significative (r = + 0,034); de petites ouvrières peuvent renvoyer un D élevé et des grandes un D bas; le nuage de points est très dispersé (au contraire de ce que l’on observe avec T. luteus/racovitzai).
A l’examen de tous les résultats, T. pardoi se distingue de T. luteus, T. racovitzai et T. tristis par les caractères suivants:
-Carène sous le postpétiole bien nette donnant l’impression d’une pointe sous le segment.
-La tête reste ridée même chez les petites ouvrières. La force des rides augmente avec la taille mais à taille égale, celles de pardoi se détachent mieux de la réticulation de base que chez les 3 autres; en outre, la réticulation des inter rides est plus marquée chez la forme tristis si bien que ce dernier (avec lequel il pourrait avoir confusion au premier abord) apparait plus mat que pardoi.
– La valeur élevée que D affiche lorsqu’on l’applique à T. pardoi signifie que les paramètres positifs de la fonction discriminante sont plus grands et/ou que les paramètres négatifs sont plus faibles. Autrement dit, il existe des différences biométriques par rapport à T. racovitzai/luteus.
En effet, en sélectionnant des ouvrières de taille à peu près semblable (C de 1,18 à 1,24) on obtient (le matériel disponible ne permet que la comparaison pardoi/racovitzai):
pour Frs chez pardoi = 0,221 ± 0,003 [0,211, 0,34]; n= 18; chez racovitzai de Banyuls Frs = 0,196 ± 0,003 [0,184, 0,210]; n= 25; t = 8,040 (les moyennes sont significativement différentes). La distance entre les carènes antennaires est plus grande chez pardoi.
pour le paramètre Eye (Long+larg)/2 de l’œil, avec les mêmes : chez pardoi: 0,117± 0,002 [0,110, 0,129]; chez racovitzai: 0,124 ± 0,001 [0,118, 0,133]; t = 4,119. Les yeux sont un peu plus petits en moyenne chez pardoi.
pour Longueur du tronc: padoi: 0,724± 0,008 [0,694, 0,754]; pour racovitzai 0,708± 0,006 [0,671, 0,736]; t= 2,481. Le tronc est un peu plus allongé chez pardoi.

Les rapports Frs/largeur de la tête (calculés plus largement) confirment que Frs est plus grand chez pardoi; on a : pardoi: 0,387 [0,359, 0,427] ec. type= 0,0017; n= 30. Chez racovitzai: 0,347 [0,317, 0,368] ec. type = 0,011; n= 52.
De même le rapport Long/larg tête montre que la tête est un peu plus étroite chez racovitzai; on obtient: pardoi: 1,178 [1,143, 1,286] ec. type = 0,032. Chez racovitzai: 1,148 [1,102, 1,191] ec. type = 0,023.

T. pardoi semble donc devoir être considéré comme une bonne espèce distincte du complexe racovitzai-luteus-tristis; décrite d’Espagne, on la trouve de plus en plus souvent en France (suite au réchauffement climatique?).
En ce qui concerne le complexe luteus je reste persuadé qu’il comporte 3 entités (sous-espèces ou prospécies) dont racovitzai est la forme méditerranéenne et tristis celle d’altitude. T. pardoi serait donc l’espèce-sœur de T. luteus.
Des collectes au Mt Ventoux restent indispensables pour éclaircir l’affaire (30 ouvrières de toutes tailles en 3 prélèvements vers 600, 800, 1000 m, respectivement).

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